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Diplomatie
Togo

Marc Vizy, Ambassadeur de France au Togo : « Cette crise politique ralentit le développement économique et social »

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Le samedi 14 juillet dernier, la France célébrait l’anniversaire de sa révolution. Une occasion pour l’Ambassadeur de France au Togo de revenir sur la situation politique qui prévaut dans le pays depuis plus de 10 mois. Voici le discours prononcé par Marc Vizy.

Monsieur le ministre […],
Mesdames et messieurs les ministres,
Messieurs les anciens Premiers ministres,
Mesdames et messieurs les représentants des hautes autorités et des institutions de la République, Monsieur le chef de file de l’opposition,
Mesdames et messieurs les parlementaires et représentants des autorités civiles, militaires, religieuses et traditionnelles, des organisations politiques, professionnelles, syndicales, associatives et des médias,
Chers collègues, membres du corps diplomatique et consulaire et représentants des organisations internationales,
Chers invités,

Je suis très honoré de m’exprimer devant vous à l’occasion de la fête nationale française ce qui constitue pour moi une première en tant qu’ambassadeur de France au Togo.

Je suis en effet arrivé dans votre pays il y a de cela 10 mois, pour prendre la suite d’un autre Marc, Marc FONBAUSTIER, que je remercie pour ses conseils et que je tiens à saluer ici.

D’aucuns, à Lomé, me parlent parfois du 14 juillet comme de la « fête de l’indépendance » de la France.

« Votre fête de l’indépendance » me dit-on !

Au début, cela m’a un peu étonné s’agissant de la France qui comptait parmi les pays colonisateurs et non pas colonisés… Mais je le prends aujourd’hui comme une expression amicale signifiant que nous faisons tous partie de la même famille des peuples qui ont dû, à un moment de leur histoire, lutter pour gagner leur liberté.

Il est vrai aussi qu’à bien des égards, on peut présenter ainsi le 14 juillet ! Cette date commémore la fête de la fédération de 1790, elle-même premier anniversaire de la prise de la Bastille de 1789. C’est donc la célébration d’un acte révolutionnaire et d’un acte d’union nationale. La célébration de la contestation d’un ordre établi ainsi que celle de l’imagination et de la création de nouveaux droits, de nouvelles libertés, de nouvelles valeurs et de nouvelles formes de gouvernement par un peuple prenant en main son destin. C’est la célébration d’une Révolution qui, à la manière des indépendances africaines qui lui succédèrent bien plus tard, entraîna dans son sillage de nombreux peuples et de nombreux pays.

L’indépendance est un élément déterminant et fondateur pour le Togo et pour l’Afrique. Cela, le Président de la République française, Emmanuel MACRON, l’a bien perçu qui a rappelé que le temps était bien sûr révolu où la France faisait des choix pour les Africains.

Particulièrement attaché à votre continent où il a fait ses premiers pas de stagiaire de l’ENA, il s’y est rendu, depuis sa prise de fonction, à de multiples reprises.

C’était à nouveau le cas au début de ce mois de juillet alors qu’il était invité au sommet de l’Union africaine de Nouakchott avant de se rendre au pays de sa première expérience africaine, le Nigéria.

A travers ses visites, le Président MACRON a pu tracer les grandes lignes de sa politique étrangère.

Son discours de Ouagadougou du 29 novembre 2017 a marqué une étape cruciale et redéfini les contours des relations multiples et diverses que la France entretient avec les pays africains.

Dans son discours sur la Francophonie, le 20 mars dernier, il a rappelé que cette langue que nous avons en partage avec de nombreux pays, ce « continent humain », était diverse et qu’elle vivait, évoluait et se transformait au cœur de l’Afrique davantage qu’ailleurs.

Dans un registre plus sombre, il a rappelé, lors de ses visites au Mali, en Mauritanie, au Nigéria, que nous avions également en partage une responsabilité, celle de lutter contre le terrorisme face auquel l’union est essentielle. C’est ainsi que le lancement du G5 Sahel, son financement et son efficacité sont au cœur de l’action de la France dans la région. Le Togo est sur ce plan un partenaire exemplaire, et je tiens à saluer ici l’engagement de votre pays au sein de la MINUSMA. Je tiens également à honorer la mémoire des casques bleus togolais qui l’ont payé de leur vie.

La France sait qu’elle peut compter sur le soutien du Togo dans de nombreux domaines, l’ampleur de notre coopération en témoigne.

Il en est ainsi des enceintes multilatérales où la France et le Togo sont le plus souvent côte à côte pour défendre des valeurs communes, comme encore récemment s’agissant de la situation des droits de l’Homme en Syrie où la mobilisation contre les armes chimiques.

C’est le cas aussi dans le domaine de l’environnement où le Togo, bien que petit pollueur, s’est mobilisé à travers l’accord de Paris, a soutenu l’initiative française d’un pacte mondial pour l’environnement et a adhéré à l’alliance solaire internationale. Son engagement dans cette organisation 3 internationale est également exemplaire, ce dont témoigne la récente visite au Togo de Madame Ségolène ROYAL, envoyée spéciale du Président de la République française pour la mise en œuvre de l’alliance solaire internationale. Elle a pu souligner la grande qualité de la stratégie d’électrification du Togo.

Cette riche coopération, s’illustre et se vit aussi au quotidien à travers le travail de l’ensemble des services de l’ambassade avec les ministères, les institutions, les organisations, les entreprises et les partenaires togolais que vous êtes et que vous représentez. La France souhaite poursuivre et amplifier cette coopération.

C’est ainsi qu’aux domaines déjà couverts, notamment l’eau, l’assainissement, l’énergie et l’éducation, vient s’ajouter, dès cet été, un nouveau projet de formation et d’appui au secteur de l’audiovisuel et des médias au Togo. Les médias, ce 4 ème pouvoir et ce pilier de la démocratie, seront ainsi renforcés via des formations mais également un appui à l’encadrement réglementaire des métiers de la presse visant à favoriser la professionnalisation du secteur et la pérennisation de la liberté d’expression, du droit à l’information, du devoir d’informer, et surtout à bien informer.

Dans son discours du 14 juillet 2017, mon prédécesseur faisait part de ses espérances pour le Togo. La première d’entre elle touchait à la réalisation des réformes politiques et constitutionnelles. Etant arrivé au Togo au début du mois de septembre 2017, je n’ai pu que constater l’actualité de ce sujet et les attentes qu’il suscite dans le pays. En l’espace de 10 mois, j’ai vu émerger des blocages, des divisions, des violences parfois, mais également des regroupements, des convergences, des propositions de sortie de crise et puis un dialogue.

Il revient aujourd’hui aux facilitateurs de la CEDEAO la tâche d’opérer la synthèse des événements et discussions de ces derniers mois. Les recommandations issues de ce travail devront permettre l’aboutissement des réformes sur le principe desquelles tous les acteurs s’entendent, mais sur les modalités desquelles les vues peuvent diverger.

Il n’appartient évidemment pas à la France de se prononcer sur ces modalités, encore moins sur les choix que les Togolais seront les seuls à pouvoir faire mais, comme l’a récemment déclaré le Président MACRON, « le statu quo n’est pas possible ». En effet, cette crise politique ralentit le développement économique et social que tous les Togolais attendent.

Le communiqué diffusé à l’issue de la dernière session de dialogue inter-togolais a ouvert des pistes, et les recommandations qui suivront, dans deux semaines, lors du prochain sommet de la CEDEAO, seront déterminantes pour le Togo.

La France a bon espoir qu’elles permettent de débloquer la situation et a pleinement confiance dans le travail de la CEDEAO et de ses facilitateurs qui ont su se montrer à l’écoute des deux parties. Il convient, je le crois, de saluer ici les efforts des présidents du Ghana Nana AKUFO-ADDO et de Guinée, Alpha CONDE.

L’objectif des discussions actuelles est aussi et peut-être surtout de permettre aux Togolais de se rendre aux urnes, le moment venu, pour choisir démocratiquement leurs représentants nationaux et locaux.

J’ai pu constater l’attachement partagé des autorités et de l’opposition sur ce principe démocratique. Il s’agit désormais de créer une confiance réciproque suffisante pour le mettre pleinement en œuvre. Il est aussi à noter la volonté, également commune, de faire aboutir le processus de décentralisation et je crois qu’en rapprochant l’administration des populations, c’est la démocratie locale qui sortira renforcée.

Les perspectives sont donc encourageantes pour les prochains mois, et la France restera aux côtés du Togo et des Togolais pour avancer ensemble dans nos multiples domaines de coopération.

Tout à l’heure, en notre nom, Emelyne, mon épouse, remerciait tous les mécènes qui ont rendu possible la manifestation d’aujourd’hui. Cette année ils ont été particulièrement nombreux. Plus de 60 ! Peut-être notre force de conviction y est-il pour quelque chose mais je veux voir au-delà !

Je veux croire qu’en cette période, où le monde perd certains de ses repères et où où sont menacés les outils inventés après la seconde guerre mondiale pour éviter le retour du totalitarisme et pour régler les affaires du monde dans le respect de tous les peuples - je pense au multilatéralisme qui protège les petits pays, je pense aussi à la construction européenne -, je veux croire donc que si vous avez été si nombreux à venir vers nous, c’est parce que la France représente toujours pour vous les valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

C’est autour de ces valeurs que nous communions aujourd’hui.

Vive le Togo !
Vive la France !
Vive l'amitié et la coopération entre nos deux pays !
Je vous remercie./.
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