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Société
Togo

Latifa, Amoudia et Yatessou: trois innocentes embastillées au goulag de Kara. Deux mois déjà

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Pour le régime de dictature des Gnassingbé et alliés aucune violation des droits de l’homme n’est trop flagrante quand il s’agit de conserver le pouvoir. Depuis le réveil du peuple togolais au début des années ‘90 pour dire non au pouvoir autoritaire, et surtout depuis le 19 août 2017 où la contestation contre le régne tyrannique avait doublé d’intensité, les jusqu’au-boutistes du RPT-UNIR ne reculent devant rien pour réprimer les togolais contestataires jusque dans leurs derniers retranchements. Et comme si la police et la gendarmerie ne suffisaient pas, le corps d’élite de l’armée, les parachutistes sont mis à contribution pour terroriser des citoyens de certaines régions considérées comme plus hostiles au pouvoir. Les juges sont humiliés dans leur profession. Pour permettre un emprisonnement de masse, nos hommes de droit sont obligés de rendre une justice politique et non la justice selon le droit pour lequel ils ont prêté serment.
Trois jeunes femmes, comme beaucoup d’autres togolais, croupissent en prison depuis décembre 2018 comme de vulgaires criminels, alors qu’elles n’ont rien fait. Trois innocentes, trois victimes de la raison du plus fort, trois vies brisées.

Samedi, 08 décembre 2018:
Bafilo: La nommée Latifa Batoulim, une jeune ménagère âgée d’un peu plus de 20 ans est arrêtée à son domicile. On lui reproche de distribuer de l’eau au cours des manifestations de l’opposition, et de signaler aux manifestants l’arrivée ou la position des forces de l’ordre ou des militaires. Devant le juge au tribunal de Kara, malgré ses gesticulations d’innocente, Latifa sera condamnée à 12 mois de prison ferme.
Toujours samedi, 08 décembre 2018 à Koumondè, Préfecture d’Assoli:
Amoudia Ouro-Bossi, une étudiante de 22 ans marche avec un groupe d’amis pour aller au point de départ d’une marche de l’opposition autorisée. Sifflet à la bouche, elle essayait de créer de l’ambiance quand tout à coup un groupe de gendarmes ou de militaires (personne ne sait plus qui est qui) se lance à leurs trousses. Amoudia aura le malheur d’être rattrapée et conduite à la gendarmerie de Kara. Quand des parents la visitent et lui remettent des habits frais, le CB des lieux refuse qu’elle se change. La pauvre étudiante restera au moins deux jours à la gendarmerie avec les mêmes habits.
Devant le juge aux ordres à Kara, Amoudia reconnaîtra qu’elle se rendait avec des amis à la manifestation organisée par la C14. Malgré le caractère vide du dossier, notre malheureux magistrat avait tenu à rappeler à l’étudiante que ce n’est pas elle qui pourrait changer le Togo, avant de l’envoyer pour 18 mois fermes derrière les barreaux.
Retour à Bafilo ce samedi 08 décembre 2018
Tranquillement assise chez elle à la maison, Yatessou Abdoulaye est arrêtée sans trop savoir ce qu’on lui reproche. Elle crie son innocence jusque devant le juge à Kara. Comme Amoudia et Latifa, la sentence était préparée d’avance et n’avait rien à voir avec quelque délit que ce soit. Notre fameux juge du jour, apparemment une marionnette de mains noires tapies dans l’ombre, décide que Yatessou passe les prochains 18 mois à la prison civile de Kara.
Acculés de tous les côtés, Faure Gnassingbé et son régime semblent avoir opté pour une répression tous azimuts pour casser l’élan et la détermination du peuple. Plusieurs dizaines d’innocents citoyens sont encore détenus dans des prisons togolaises dans des conditions inhumaines à travers le pays. Incapable d’assurer la paix proprement dite pour tous, le système Gnassingbé préfère terroriser les populations par des bastonnades, des tueries et un emprisonnement de masse pour instaurer la paix des cimetières.
Aprèrs la fameuse grâce présidentielle discriminatoire on se demande quel intérêt le régime a en gardant des innocents en prison, si ce n’est pour servir de monnaie d’échange pour sa stratégie de refus d’alternance et de fuite en avant. Pour des raisons humanitaires, la justice et le bon sens ayant abdiqué, Latifa, Yatessou, Amoudia à l’instar d’Assiba Johnson, de Foli Satchivi et beaucoup d’autres anonymes doivent retrouver la liberté; et nos juges doivent faire preuve d’un peu de courage pour que des togolais cessent d’être envoyés croupir en prison avec des dossiers vides. Il y va de l’honneur du métier de magistrat et de la dignité humaine tout court.


Témoignages recueillis par nos contacts auprès des co-accusés déjà libérés et de certains proches des trois jeunes femmes dans la préfecture d’Assoli.

Samari Tchadjobo

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L'AUTEUR
Samari Tchadjobo
Allemagne









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