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Politique
Togo

Faure : Le plus dure commence

LaManchette

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« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». L’adage est bien connu de tous, des membres du pouvoir togolais aussi. Mais croire que l’inné peut être guéri dans un pays comme le nôtre et par ceux qui aiment vanter les mérites des êtres consciencieux au sein de la société, c’est se méprendre en réalité sur la République du Togo où les intérêts priment sur les valeurs et où les hommes intègres sont plutôt considérés comme des fous. Mais les autres fous, pris dans une dimension plus élevée, étaient peut-être ceux qui escomptaient l’éveil des consciences. Que dalle ! le vrai faux suspense est définitivement enterré. Faure Gnassingbé est « réélu » malgré l’évidence de ce qui est entendu, vu et lu. Mais pour l’heureux élu, désormais, le plus dur commence.

S’il existe encore sur la terre de nos aïeux, donc du Togo, des individus qui peuvent encore penser au miracle de la Cour constitutionnelle d’Aboudou Assouma, et attendre en effet que ce dernier proclame définitivement une autre personne que Faure Gnassingbé gagnant du scrutin présidentiel du 22 février 2020, soit, ces individus sont adeptes du masochisme, soit ils sont en conflit ouvert avec leur intelligence ou mieux, ils se ferment de gré à l’évidence du réel, du vrai. Le Togo n’est pas le Malawi, dira quidam pour tout résumer ou peindre l’existence d’un sinistre d’État, et pour cause !

Le Togo n’est pas le Malawi !

Le lundi 3 février 2020 au Malawi, la Cour constitutionnelle de cet autre État d’Afrique, a annulé purement et simplement les résultats de l’élection présidentielle du 21 mai 2019 au motif que le scrutin n’a été ni libre ni transparent.

Le président Peter Mutharika avait été réélu, pour un second mandat, avec un peu plus de 38% des suffrages. L’opposition avait aussitôt saisi la justice et maintenu la pression en descendant dans la rue suite à des accusations de fraudes.

Dans la lecture du verdict - 500 pages -, le président du plus haut tribunal du Malawi a finalement conclu qu’au vu des nombreuses et importantes irrégularités constatées, le résultat de ce scrutin est sérieusement compromis. « Les altérations manuelles sur les procès-verbaux a grandement sapé l’intégrité des élections », a déclaré le président de la Cour. Ainsi, Peter Mutharika, le président sortant n'a pas été « dûment élu », a décidé la Cour, rendant justice à l’opposition malawite qui brandissait des accusations de fraudes massives en faveur du parti au pouvoir. L’instance juridictionnelle suprême de ce pays, en annulant la réélection du chef de l’État sortant, a également ordonné la tenue d’un nouveau scrutin dans les 150 jours.

C’est tout en honneur des juges de cette plus haute Cour du Malawi et surtout de leur président.

Au Togo, M. Aboudou Assouma, le président de la Cour constitutionnelle n’est peut-être pas trop friand de l’honneur que peut ressentir un juge dans l’exercice de sa profession. Ainsi, en dépit des allégations de fraudes à caractère industriel avancées lors du scrutin, en dépit de ce qui est dit sur les irrégularités, des révélations faites ici et là, en dépit de ce qui est entendu, vu et lu, en dépit du fait que les réseaux sociaux aidant, des preuves irréfutables ont été brandies et partagées, la Cour a, sans hésiter, entériné pour l’essentiel la décision huée du 23 février 2020 de la CENI : Faure Gnassingbé est réélu pour un quatrième mandat de cinq ans à la tête de l’État du Togo.

Déjà, à partir de ce mardi 3 mars 2020 jusqu’à une période non déterminée, les préposés du régime Gnassingbé se lanceront mordicus dans une jubilation no limit en célébrant une victoire dénuée du mérite et qui en réalité, scelle leur déshonneur. Car, n’est-il pas écrit dans les belles lettres du Cid de Pierre Corneille : A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire? Dans tout ceci, celui qui restera sous les feux de critiques bien au-delà de la période de jubilation des troubadours, est sans nul doute Faure Gnassingbé, le gagnant choisi.

Faure, le plus dur commence

1993, 1998, 2003, 2005, 2010, 2015, 2020, au Togo, l’histoire est têtue. Du père au fils, le choix du dirigeant par la voie des urnes, a toujours été source de contestations, souvent empreinte à des violences, des personnes exilées et des morts, (une tendance baissière) même si à la fin, dans le mépris et la force, le « roi » est installé. Il a certes la légalité, et se battra pour la légitimité puisqu’il ne fait pas l’unanimité. Cela a toujours été ainsi. Triste sort !

De 2005 à 2020, puisque c’est le présent qui importe, l’ère du fils, Faure Gnassingbé n’a été que le président d’une légalité même contestée. Car souvent, beaucoup dénoncent les conditions dans lesquelles les juges de la Cour Constitutionnelle l’ont toujours investi et lui confié l’autorité d’agir en qualité de président de la République du Togo. Les faits sont là et ont juste besoin d’être revisités. Or, le même président, chaque fois qu’il est « élu », souffre de légitimé, c’est-à-dire de l’onction d’une majorité de la population qui a toujours contesté son pouvoir dans la rue. D’ailleurs, la dynamique Kpodzro/Agbéyomé Kodjo n’est pas du tout prêt à lâcher son combat pour la vérité des urnes. Elle a vendredi dernier, convié la population dans la rue. Ce mardi, 3 mars 2020, un Premier ministre a été nommé, la crise s’ouvre.

Aussi, la situation elle-même a pris une certaine dimension puisqu’au-delà de la majeure partie du peuple togolais que Faure Gnassingbé sera contraint d’affronter aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire et durant tout le quinquennat pour que triomphe la vérité des urnes, le président togolais risque d’être aussi en froid dans ses relations avec certaines diplomaties occidentales. Nous n’en voulons pour preuve la sortie du diplomate américain au Togo, Eric Stromayer qui, dans un communiqué en date du 26 février 2020, a lancé les hostilités. En effet, l’Ambassadeur des États-Unis au Togo laisse planer des doutes sur le scrutin présidentiel et trouve « décevante » la décision de la CENI de révoquer l'accréditation d'une organisation de la société civile neutre accompagnée par les États-Unis et soutient que pour « la transparence et la confiance de tous en les résultats finaux », il faudrait que « les résultats soient publiés bureau de vote par bureau de vote ».

La réalité des choses est qu’aujourd’hui, la Cour constitutionnelle a fait fi de toutes les recommandations des États-Unis et a donné Faure Gnassingbé vainqueur du scrutin. Les jours à venir édifieront sur le risque que prend le Togo en s’engageant dans un bras de fer contre la première puissance occidentale, les États-Unis du Très imprévisible Donald Trump.-










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